L'église de Froidfond

La paroisse de Froidfond est placée sous le patronage de sainte Marie-Madeleine. Le choix de ce patronage remonterait au XIe siècle à l'occasion de l'édification d'un prieuré consacré à cette sainte patronne des lépreux.

Ce prieuré aurait constitué une dépendance de la commanderie de Coudrie, où auraient vécu les Chevaliers de Saint-Lazare dont l'une des missions comprenaient les soins aux lépreux (cf Histoire des Vendéens de Fabienne Pichard du Page et Georges Gondinet). Selon ces auteurs Marie-Madeleine sœur de Lazare était amie d'un lépreux dénommé Simon. On peut en déduire avec eux que la communauté Froidfondaise invoquait cette sainte pour se protéger de la lèpre - importée par les Phéniciens - qui sévissait à cette époque dans le pays.

Quoi qu'il en soit la destruction de ce prieuré au XVe siècle par les Protestants devait conduire à la construction d'une église qui fut incendiée le 22 juillet 1799, jour de la fête paroissiale, sous le gouvernement du Directoire. Dans l'incendie, une statuette de sainte Perrine, faisant l'objet de nombreux pèlerinage, disparaissait.

Restauré en 1808, l'édifice réduit à l'état de masure, devait le rester jusqu'en 1836, année à partir de laquelle était entreprise, à l'initiative de l'abbé Milcent et de la municipalité présidée par Louis Blanchard sa reconstruction. les travaux commencés en juin 1836 après avis favorable de l'autorité préfectorale, furent au préalable adjugés pour la somme de 13 300 francs à l'entreprise Robert, de Bourbon-Vendée, devenue La Roche-sur-Yon. Ils correspondaient à l'élargissement de la nef, dans sa partie sud, sur toute sa longueur, à l'édification de la tour du clocher et d'une sacristie.

Les malfaçons, ajoutées aux effets des intempéries entraînèrent l'écoulement du clocher dans la nuit du 09 au 10 octobre 1836. Retapé rapidement, il s'effondrait à nouveau le 08 novembre suivant. Par la suite toute la façade dût être reconstruite. Ces travaux s'achevèrent en décembre 1837, sans présenter toutefois toute garantie de solidité puisque l'abbé Milcent devait faire engager en 1857 le renforcement des voûtes. Elles furent présidées par l'abbé Micheau directeur du grand séminaire de Luçon.

 

Le clocher et la cure, vers 1910

 

 

Le chœur de l'église, vers 1910


De nos jours nous retrouvons, à peu près, cette même église telle qu'elle se présentait à cette époque bien que des réparations aient été effectuées, après les dégâts causés au clocher par la foudre. Son architecture de caractère néo-roman est très dépouillée, ses dimensions légèrement supérieures à celles d'une chapelle de hameau évoquant ainsi le lointain prieuré qui a été à son origine. Le porche a la forme d'une tour carrée, domine  assez largement le reste de l'édifice. Il est coiffé d'un clocheton aux lignes rebondies d'où jaillit une flèche pyramidale surmontée d'une croix auréolée d'une ferronnerie d'art où est juché l'inévitable coq girouette.

Derrière la tour du clocher, le débordant de très peu, se profilent, quasiment rectilignes, les murs d'une nef dépourvue de transepts, ils se rejoignent en demi-cercle pour former le chevet dont la symétrie est rompue par le rajout de la sacristie.

Les murs épais composés de moellons sont flanqués de contreforts massifs, entre lesquels s'ouvrent d'étroites baies en plein cintre. Leur blancheur contraste harmonieusement avec la couleur jais des ardoises recouvrant les toitures de la nef et du clocher. L'intérieur du monument est aussi sobre que l'extérieur. On y pénètre par le portail à deux battants du porche et deux portes latérales trouant les murs de la nef.

Sa restauration effectuée en 1996 grâce à un legs d'une paroissienne, Madame Robin, fait ressortir la blancheur des bas-côtés et de la voûte soutenue à intervalles réguliers par des solives de même couleur.

Jadis, l'église possédait dans le chœur un retable et trois autels. Faute de moyen ils n'ont pu être conservés, ils ont été remplacés par un autel de facture contemporaine, façonné en marbre d'un camaïeu brique comme le tabernacle et le lutrin, disposés séparément dans le chœur.

En 1948, la paroisse assistée en cela par la municipalité avait fait procéder à d'importants aménagement intérieurs : plancher, bancs, à ces derniers éléments s'ajoutent une tribune surplombant le fond de l'église et à l'opposé des stalles le bas du chevet.

Quelques statues polychromes ornent le chœur et le porche, ainsi que discrètement le crucifix et les stations du chemin de croix plaquées aux murs de la nef.

Les vitraux des baies, dont l'un situé au fond du chœur, représente Sainte Madeleine agenouillée aux pieds du Christ, apportent des notes de couleurs vives tranchant sur la blancheur et l'intimité des lieux.

Sources : Le canton de Challans, les communes et l'économie rurale des origines à 1940. Tome 1. Collectif d'auteurs, Editions EthoDoc-arexcpo, collection Mémoire des Vendéens, mai 2010. photographies : ethnodoc