Les faits marquants de l'histoire locale

Les premières pages de l’histoire de Froidfond sont marquées au coin de l’Evangélisation de ses habitants intervenue semble-t-il dès le VIème siècle avec Saint Benoit agissant à partir d’Aizenay puis au VIIème siècle avec Saint Philibert à l’l’île d’Her (Noirmoutier).

 Mais il faut attendre le XIIème siècle pour relever la présence effective d’un ordre religieux sur les terres de Froidfond avec l’installation des Templiers en 1130, à la commanderie de Coudrie.

 Successeurs des pauvres Chevaliers du Christ, ils devaient à leur tour disparaitre après leur condamnation en 1308, par Philippe le bel, puis la suppression de l’ordre par le Pape Clément V en 1312. Toutes les richesses qu’ils avaient  pu accumuler furent dévolues par celui-ci à l’ordre des « Hospitaliers » connu, encore de nos jours, sous le nom des « Chevaliers de Malte ».

 C’est probablement à l’initiative des Templiers, qu’a été entreprise au XIIème siècle l’édification d’un prieuré autour duquel devait se constituer un embryon de communauté paroissiale.

 Le rôle de l’Eglise s’exerçait alors à la fois sur le plan spirituel et dans l’organisation administrative. Ses interventions dans ce domaine étaient confirmées par l’édit de Villers-Cotterets, en 1539, destiné notamment, à confier au prêtre la tenue des registres paroissiaux où étaient enregistrés les actes de naissance, de mariage et de décès des paroissiens. Le premier prêtre de Froidfond à bénéficier de ces pouvoirs fut l’Abbé Etienne Macé curé de la paroisse de 1534 à 1547.

 Si l’Eglise tirait d’importants revenus de l’exploitation de ses biens immobiliers, la quasi-totalité des terres de Froidfond demeurait la propriété d’une aristocratie immobilière.

 Au XIIème siècle ces terres appartenaient aux Seigneurs de Raiz et de Machecoul puis au Ixième siècle à la famille Chabot. Au XVème siècle, elles tombèrent, à la suite de mariages et de successions, entre les mains des de Laval. C’est ce nom de famille que portait le sinistre Gilles de Raiz.

 

Ce dernier avait en pleine propriété sur Froidfond, le manoir de la Ferronnière et les fermes attenantes dont la gestion, en arrière fief, était confiée à un sieur de Ferron. Les deux hommes entretenaient de très mauvaises relations et Gilles de Raiz vint, pour arrêter son vassal, à l’intérieur de l’église de Saint-Etienne-de-Mer-Morte, au cours d’un office religieux. Cet acte sacrilège devait entraîner son arrestation, puis après un procès, sa condamnation à périr sur un bûcher à Nantes en 1440.

 

A la fin du XVIème siècle, la commanderie de Coudrie et le prieuré édifié sur l’emplacement actuel de l’église, furent incendiés par les Huguenots au cours des guerres de religion qui opposèrent protestants et catholiques.

 

A la différence de ce qui a pu se passer dans certaines parties de la Vendée, l’église réformée ne réussit pas à s’implanter à Froidfond.

 

La période révolutionnaire

Pour autant  « Faisait-il bon vivre sous la crosse » comme l’affirmait un vieux proverbe français ?

 

Ce n’est pas certain à la fin du XVIIIème siècle, si l’on considère que les mesures prises par les responsables révolutionnaires en 1789 reçurent un bon accueil à Froidfond comme ailleurs en Vendée.

 Cependant la création des départements et des communes à la fin de l’année 1789, qui prévoyait le transfert aux maires, des pouvoirs administratifs, détenus jusqu’alors par l’Eglise, le vote de la constitution civile du clergé par l’Assemblée nationale en 1790 et surtout la levée en masse, décrétée par la Convention le 24 février 1793 représentent autant de mesures qui contribuèrent à provoquer la révolte de très nombreux Vendéens.

 Froidfond servit, hélas, de cadre à cette guerre fratricide, opposant les Bleus Républicains et les Blancs Royalistes. Les Froidfondais choisirent pour la plupart avec leur capitaine de paroisse Vincent Boucard, propriétaire à la Bourière, le camp des Royalistes.

 Avant la paix de La Jaunay, signée le 18 février 1795, pour mettre fin provisoirement aux hostilités, les habitants de Froidfond participèrent activement aux luttes sous la conduite de Charrette au hameau de la Chambaudière, le 18 juillet 1794, puis aux confins de la Vendée, en Loire-Inférieure au lieu-dit Fréligné, le 15 septembre 1794.

 A la reprise de la guerre, en juin 1795, à la suite de la mort au temple de l’héritier du trône, Charrette, le chef emblématique  de l’armé vendéenne, livra quelques-uns de ses derniers combats à Froidfond, au cours desquels il perdit de trop nombreux fantassins pour pouvoir espérer poursuivre la lutte (d’après Charrette et la Vendée, de Kervin de Volkaersbeke, aux éditions du Choletais).

 L’arrestation de Charrette, puis son  exécution à Nantes le 29 mars 1796, n’eurent pas pour effet de créer un climat pacifié à Froidfond. L’incendie de son église le 22 juillet 1799, jour de la Sainte Madeleine, fête paroissiale, ainsi que les dévastations, le jour même, par les armées du Directoire, des villages du Fief-Sorin et de l’Enchaizière témoignent de la fidélité d’une grande partie de la population locale et du clergé de la région à la branche des Bourbon.

 

Depuis 1791, la paroisse n’était, en effet, plus desservie par un prêtre. Toutefois, les services religieux étaient clandestinement assurés par des prêtres réfractaires, dépendant des paroisses de Saint-Etienne-de-mer-Morte et de La Garnache. L’un deux, Jacques Hervouet, curé de La Garnache, se cachait au hameau de Mauvillon chez un tanneur dénommé Herbert (d’après Alain casting, dans Froidfond d’hier et d’aujourd’hui).

 Le concordat signé en 1801 par Napoléon avec le Vatican apaisa quelque peu les esprits. Les fidèles catholiques de la Petite Eglise qui rejetèrent ce traité en Vendée ne firent pas d’adeptes chez les paroissiens Froidfondais.

Les périodes post-révolutionnaires

Le retour des Bourbons de 1815 à 1830 sur le trône de France coïncide avec un retour à la paix civile à Froidfond. La paroisse a, à sa tâte, le curé Pierre Jagueneau durant toute cette période et l’administration communale est dirigée par les maires, Jean-Louis Boislève, propriétaire à la Charrie, jusqu’en 1826 puis par son fils, Louis-Germain Boislève jusqu’en 1830.

 L’avènement de la Monarchie de juillet, en 1830, suscita quelques remous dans le petit monde Froidfondais. La duchesse de Berry y aurait trouvé refuge au cours de sa chevaleresque équipée entreprise pour chasser l’usurpateur Louis-Philippe et mettre à sa place son fils le duc de Chambord, lui-même petit fils du roi Charles X renversé à l’issue de la révolution des 27, 28, et 29 juillet 1830. A Froidfond, elle aurait trouvé des appuis, auprès d’un dénommé Turpin et d’un neveu du Général de Charrette. Quelles positions prirent l’abbé Milcent et le maire Louis Blanchard dans cette affaire ? Sans doute agirent-ils avec prudence et retenue ! L’arrestation de la Duchesse de Berry en 1832, à Nantes, et l’amnistie générale, décrétée en 1837, par le pouvoir Orléaniste, pour tous les délits politiques, mirent un terme à toutes les éventuelles agitations.

 A Froidfond, le calme ainsi retrouvé coïncide avec l’ouverture en 1834 de la Grand’Rue puis la reconstruction de l’église à partir de 1837.

 Cette dernière opération est engagée par l’abbé Milcent en complet accord avec Louis Blanchard, maire de la commune.

 L’inauguration du nouvel édifice eut lieu le 28 août 1837 et fut l’occasion de grandioses manifestations.

 La révolution de 1848 et le régime de la IIème République qui s’en suivit jusqu’en 1851 n’allaient pas contrarier les bons rapports entretenus entre le curé de la paroisse, l’abbé Milcent, et le maire Germain Boislève, propriétaire à la Galoisière, bonnes relations qui se poursuivirent sans incidents notables durant tout le second Empire.

 Les trente dernières années du XIXème siècle et le début du XXème siècle, jusqu’à la déclaration, en 1914, de la guerre entre la France et l’Allemagne, furent plus agitées dans le pays et aussi à Froidfond.

 Durant cette longue période, qui est marquée par la proclamation de la IIIème République, des réformes importantes sont apportées dans les modalités d’élections des conseillers municipaux et des maires par la loi du 5 avril 1884 et par l’obligation faites aux communes de disposer d’une école publique communale.

 Dans ce climat de réformes, apparaissent de graves crises politiques, à l’occasion de l’affaire Dreyfus, et de l’application de la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat à partir de 1905-1906.

 Peut-être les autorités préfectorales chargées de faire respecter la loi pensent-elles, la même chose que Georges Clémenceau pourtant anticlérical, quand celui-ci, alors Ministre de l’Intérieur, déclare à la chambre des députés : « Nous trouvons que la question de savoir, si l’on comptera, ou si l’on ne comptera pas les chandeliers dans une église, ne vaut pas une vie humaine ! ».

 La guerre 1914-1918 eut pour conséquence l’Union Sacrée des Français. Elle fut aussi la cause de la mort de nombreux Froidfondais, dont les noms sont inscrits au pied d’un monument dédié au culte du Sacré-Cœur.

 Entre les deux guerres, la France est le théâtre, durant les années de 1930 à 40 de mouvements sociaux importants, au moment du gouvernement du Front Populaire. Parallèlement, à Froidfond, on assiste à l’élection de maires de sensibilité républicaine, en la personne d’Armand Baril (de 1927 à 1934) et d’Henri Blanchard (de 1934 à 1959).

 Leurs relations avec les prêtres Henri Jolly (de 1908 à 1937) et Eugène Girard (1937 à 1944) furent-elles conflictuelles, notamment à propos de la question scolaire ? La grande majorité des familles froidfondaises envoyaient leurs enfants à l’école privée, et l’école publique dût être fermée à diverses reprises, même après la seconde guerre mondiale en raison du faible nombre d’inscriptions d’élèves.


 Texte Yves Biton

 Source : Le canton de Challans. Les communes et l’économie rurale des origines à 1940. Tome 1.

Editions : EthnoDoc-Arexcpo, 2010

Photographies : ethnodoc

 Avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur.